Impliquer les agriculteurs à l’échelle locale : l’exemple de Marche-en-Famenne

Impliquer les agriculteurs à l’échelle locale : l’exemple de Marche-en-Famenne
Si le monde agricole n’était pas toujours enthousiaste aux premiers abords, ce sont pourtant bien 1.000 plants de haie qui ont été plantés pour lutter contre l’érosion en 2021. Retour d’expérience de l’ administration communale de Marche-en-Famenne.

En automne 2021, 1.000 plants de haies vives ont été plantés sur le plateau du Gerny à Marche-en-Famenne dans le but de préserver les terres agricoles, contrer l’érosion et mieux gérer les ruissellements. Sarah Ruidant et Valérie Lescrenier nous relatent cette première expérience pilote.

« En automne 2020, nous avons voulu sensibiliser les exploitants et les agriculteurs aux enjeux que présente le plateau du Gerny quant aux risques liés au ruissellement et la perte de terres de qualité. Nous avons organisé une réunion d’information et avons été fort étonnées des réactions négatives des personnes présentes à l’égard de notre projet de plantation. Les critiques portaient notamment sur les difficultés que ces plants allaient générer lors du passage des machines agricoles ou encore sur les contraintes liées à l’entretien des haies… ».

Comment avez-vous pu surmonter cette situation de blocage ?

« Nous avons fait appel à l’expertise technique de la cellule GISER qui a réalisé une étude (ndlr : La cellule GISER est un service du SPW qui appuie notamment les communes dans la gestion et de prévention des risques d’inondations par ruissellement). Cette étude a permis de fournir des arguments complémentaires et ainsi constituer un petit groupe d’agriculteurs volontaires de rentrer dans un projet pilote. Les experts ont sensibilisé les agriculteurs au fait qu’ils seraient eux-mêmes bénéficiaires des plantations pour contrer l’érosion des sols et viser une meilleure gestion des ruissellements. En effet, ces mesures favorisent des propriétés de plus petite taille, ce qui évite de les voir partir dans les mains de gros exploitants privés. Par ailleurs, les visites de terrain ont grandement facilité le dialogue avec les exploitants et les agriculteurs. Les experts ont pu répondre à toutes les questions et lever les réticences à l’égard des plantations de haies. ».

Comment les lieux de plantation ont-ils été déterminés initialement ?

« La cellule GISER du SPW a cartographié la zone concernée, soit une superficie de 200 ha couvrant une partie du sous-bassin hydrographique de la Lesse.

Ce travail a également permis de déterminer les parcelles qui pourraient accueillir des haies ou des fascines (ndlr : structure composée de branchages enchevêtrés et assemblés de manière à former un barrage). Nous avons également consulté des acteurs locaux pour identifier des zones prioritaires qui présentent des risques d’érosion importants. Nous avons notamment travaillé de concert avec le Contrat de Rivière, le DNF et le Conseil Consultatif de la Transition Ecologique pour élaborer un plan d’action pluriannuel qui sera présenté au Collège. Ce plan prévoit également le budget nécessaire en vue de la réalisation de nouvelles actions de plantation tout en privilégiant les pépiniéristes locaux. ».

Quel est le potentiel du plateau de Gerny en matière de plantations ?

« A l’échelle du territoire communal, la cellule GISER a identifié un potentiel de 15 km de plantation sur les deux bassins concernés, ce qui représente environ 8km pour le plateau de Gerny.

 Grâce à notre futur plan d’action, nous allons inscrire notre projet pilote dans la continuité. Nous envisageons d’organiser des chantiers participatifs pour impliquer un maximum d’acteurs dans notre projet en utilisant tous les canaux de communication possibles (réseaux sociaux, bulletin communal, site internet, etc.). Nous avons aussi la chance de nous associer aux Compagnons Bâtisseurs qui disposent d’une capacité très forte de mobilisation des jeunes de 16 à 30 ans. »

Quelles leçons tirer de ce premier projet pilote ?

« Notre première approche consistant à envoyer un courrier aux exploitants et agriculteurs pour les inviter à participer à une réunion d’information doit être repensée. Il est beaucoup plus efficace d’aller au contact des agriculteurs et des exploitants en présence d’experts ou d’acteurs relais qui connaissent le milieu agricole. Pour ce qui concerne le soutien technique, nous travaillons en étroite collaboration avec des représentants de la cellule GISER, le DNF et Natagriwal. La Région wallonne nous permet de bénéficier d’un soutien financier qui permet d’exercer un effet de levier supplémentaire sur nos actions. Par ailleurs, nous avons appris qu’il était préférable de commencer petit pour ensuite nourrir des ambitions plus importantes. Cette démarche permet de consolider notre collaboration avec les différents partenaires et de gagner en crédibilité auprès de l’opinion publique. Nous observons d’ailleurs une grande adhésion de la part des citoyens depuis l’opération pilote de 2021.»

 

Contacts :

Sarah Ruidant
Marche-en-Famenne

Tél. 084 32 70 46

E-Mail : sarah.ruidant@ac.marche.be

Pour toute question ou tout conseil relatif à la mise en place de ce type d’action, contactez la cellule GISER au N° vert : 1718 – 1719 (pour les germanophones) ou consultez le site https://www.giser.be/

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